Livre blanc « Entreprises Vivantes »

Il y a plus d’un an, Christine Koehler, que j’avais rencontrée quand je démarrais mon exploration du monde de l’Intelligence Collective, m’a contacté pour me demander si je serais partante pour écrire un article sur l’économie collaborative et la « valeur » que ces nouveaux modèles créaient, dans le cadre d’un livre blanc qu’elle coordonnait.

Cela a été un travail passionnant de formaliser par écrit ce que je cumulais comme connaissance sur ce sujet et que je ne retranscrivais jusqu’ici qu’oralement ou via des slides.

C’est également un honneur d’intégrer cette parution qui fait un tour d’horizon de solutions permettant de renouveller les entreprises, l’économie, et ainsi contribuer à changer le monde!

Pour télécharger ce livre blanc c’est ici

Retour d’expérience sur le Google Design Sprint

Fin juin dernier, j’ai participé en tant que mentor à L’innovation Summer Camp 2016 organisé par l’ESTACA (école d’ingénieur). Le principe : rassembler des étudiants d’horizons et profils différents pendant 5 jours, dans l’idée de résoudre des défis du domaine de la mobilité, en utilisant pour cela la méthode Google Design Sprint.

La méthode Google Design Sprint est une méthodologie qui, comme son nom l’indique, a été formalisée par Google. S’appuyant sur les principes du design thinking et des méthodes agiles, elle est un processus en 5 étapes permettant à une équipe diversifiée de passer sans heurts de la compréhension du problème au test du prototype. Les étapes intermédiaires : diverger, décider, prototyper.

Mon rôle était d’accompagner une équipe d’étudiants à suivre cette méthode pour répondre au défi qu’ils s’étaient choisi ; une équipe d’étudiants qui ne se connaissaient pas entre eux : une designeuse, une juridique/business, un informaticien, deux ingénieurs, un biologiste… je ne pouvais pas rêver mieux en terme de diversité ! Ce qui les a réuni : l’envie de travailler sur un projet qui avait du sens, proposé par les taxis G7 : proposer un service pour les personnes atteintes d’Alzheimer et qui se perdent en sortant de chez elles.

Ce que j’ai apprécié dans cette expérience :

  • Tester une approche différente, en l’occurence partir d’une méthode « imposée » et ensuite adapter à la problématique. D’habitude j’ai le cheminement inverse et ai tendance à concevoir un programme sur mesure en fonction de la problématique à traiter.
  • Ajouter ma sauce à la méthode fournie, pour que, au delà de répondre à un défi, le groupe d’étudiants devienne une équipe et expérimente d’autres façons de faire et d’être ensemble. Quelques exemples :
    • poser et expliciter le cadre de fonctionnement dès le démarrage et bien partager les intentions ;
    • systématiser les points météo du matin et du soir (temps que l’on prend, en cercle, pour partager comment l’on se sent le matin, et ce que l’on retient de la journée le soir) ; s’ils ont un peu “surpris” au démarrage, ils sont vite devenus des moments essentiels dans la vie du groupe, pour prendre la température de l’énergie et prendre conscience des apprentissages;
    • la méthode des 6 chapeaux les a aidés à réfléchir différemment à un problème et une solution s’est ensuite naturellement dégagée.
  • Voir comment chaque individu dans le groupe trouvait petit à petit sa place et comment exprimer son unicité
    • Voir aussi comment chacun apportait à la fois son domaine de compétences, mais arrivait également à ne pas s’y limiter, et à ne pas uniquement considérer les autres à travers le prisme de leur formation.
  • Mesurer même dans ce contexte cadré par la méthode, l’importance du rôle de mentor / facilitateur dans un groupe qui n’a pas encore acquis des réflexes de fonctionnement en intelligence collective.
    • Il ne suffit pas d’avoir la méthode sous les yeux pour pouvoir la suivre et le rôle de facilitateur était clé. Très présente au début pour poser le cadre, et de plus en plus en retrait au fur et à mesure que l’équipe se construit et prend des réflexes d’écoute, tout en étant là pour éviter qu’ils fassent de trop longs détours, ne dispersent leur énergie et anticiper la façon d’appréhender l’étape suivante de la meilleur manière. Et encore, il n’y a pas eu de conflit à gérer dans mon groupe !
  • Constater comment il est possible de s’emparer d’un sujet que personne ne connaissait réellement et le porter beaucoup plus loin grâce à la convergence des énergies individuelles et d’une méthodologie très cadrée qui évite de se poser la question du « et maintenant on fait quoi ? » et permet de ne pas rester bloquer.

Ce que j’ai appris d’autre :

  • Développer le lâcher prise et encore une fois ne pas faire de suppositions...
    • Le premier matin j’étais tendue et fatiguée, la partie organisation de l’événement n’était pas aussi fluide que je me l’étais imaginée et nous étions d’après moi loin du cadre idéal pour initier un travail de qualité et engager un groupe dans une dynamique collective.
    • J’étais tendue car il me semblait que les membres de mon équipe auraient également les mêmes attentes et risquaient de démarrer sur un a priori négatif.
    • Mais à la première météo les membres de mon équipe étaient tous plus enthousiastes et motivés les uns que les autres, et prêtaient peu d’attention au contexte organisationnel !
    • Moi j’ai appris à lâcher sur ce que je ne pouvais pas maitriser de toutes façons et qui ne relevait pas de mes responsabilités, pour consacrer mon énergie à accompagner mon groupe;
  • La fatigue d’être en immersion complète ;
    • les expériences d’immersion complètes sont toujours très riche humainement ; celle-là l’a encore révélé,la vie en groupe 24/24 ne convient pas à mon rythme naturel ! Et ce fonctionnement peut également nuire à la dynamique de travail, une fatigue se cumulant jour après jour avec peu d’opportunités de prise de distance et repos ;
    • à l’inverse, il est vrai que cela renforce le sentiment d’avoir vécu quelque chose ensemble ; si j’en crois mon équipe, qui continue ensemble sur leur projet pour créer une start-up, toujours aussi soudée, ça fonctionne !
    • Et nous serions probablement restés à une relation plus superficielle entre mentors sans ces moments « off » mais ensemble ;
  • Les différentes personnalités et façons d’être mentor ;
    • Nous étions tous très différents, et c’était passionnant lors de nos points de debrief quotidiens, de voir comment chacun abordait la méthode, et sa relation à son groupe.
    • Certains étaient designer par ailleurs, et avaient donc leur regard et apport de designer au delà de leur rôle de mentor. Cela m’a un peu questionné au début, regrettant de ne pouvoir apporter cela à mon équipe.
    • J’ai ensuite réalisé que ma posture était alignée avec l’intention que je posais : faire vivre à un groupe une autre manière de travailler ensemble et de découvrir le potentiel du groupe. Leur fierté, à la fin du projet, de ne devoir le contenu qu’à eux-même, a été ma récompense ; j’aime aider à apprendre à faire ensemble sans avoir un rôle d’expert en plus, même si cela ne m’empêchait pas très ponctuellement de donner mon avis !
      • Mon équipe a d’ailleurs été doublement récompensée : prix du public et coup de cœur du jury ; cela les encourage à poursuivre l’aventure et j’en suis ravie !

Baptême de l’intelligence collective pour les étudiants : Raison de se réjouir ou de s’inquiéter ?

Pour la plupart des étudiants, ce qu’ils venaient de vivre était unique, ils n’avaient jamais réellement expérimenté le travail en équipe (que je différencie, et eux aussi, d’un travail de groupe où l’on se réparti les sujets et où chacun travaille ensuite de son côté).

C’est la première fois qu’ils constataient comment, de la mise en commun des intelligences de chacun, quelque chose de nouveau se crée sans que l’on puisse complètement dire c’est l’idée d’untel ou d’untel.

Alors oui c’est enthousiasmant d’assister (et d’avoir contribué) à ce baptême ; mais cela questionne aussi le modèle éducatif que nous avons… pourquoi diable faut-il attendre un programme non obligatoire qui oblige à prendre sur les vacances d’été ou stages, pour faire vivre à des étudiants de nouvelles façons de travailler ensemble qui sont si prometteuses en terme de création de valeur, et qui apportent tant de satisfaction au niveau individuel ?

Et la suite ?

  • Je suis partante pour vous aider à intégrer ce type d’approche dans vos formations et programmes pédagogiques;
  • Ainsi que pour vous accompagner dans le cadre de votre organisation à résoudre vos problèmes en équipe en alliant efficacité, créativité et bonne humeur !
    • L’équipe des 8 mentors de la semaine reste d’ailleurs en contact pour pouvoir intervenir collectivement, on ne voudrait pas en rester là…

Pour en savoir plus

  • sur la méthode : allez voir l’article écrit par Fabrice Liut, l’un des mentors de la semaine
  • sur le groupe que j’ai encadré et leur projet des Saint Bernard, dans le wiki de la Fabrique des Mobilités